Agressivité ou Agression ?
L’agressivité est une tendance sociale que l’on retrouve dans l’ensemble des espèces animales (homme inclus).
Les agressions sont des actes qui peuvent être constatés entre individus d’une même espèce ou d’espèces différentes.
Afin de bien comprendre ces deux notions, il est intéressant de se pencher sur les facteurs qui promeuvent l’usage de rituels agressifs ainsi que sur les différentes stratégies mises en place par les individus et qui vont influencer leurs relations sociales.
Définitions
L’agressivité est une tendance psychique et sociale naturelle dont le rôle fonctionnel est l’acquisition ou la défense d’un territoire, d’une ressource, l’acquisition ou la défense d’un rang hiérarchique, l’instinct de reproduction, la satisfaction de besoins biologiques.
L’agression c’est l’ensemble des comportements dont l’utilité est de dominer ou d’évincer un rival en faisant usage de la force ou en menaçant de le faire. C’est la mise en œuvre, par un sujet, de comportements agressifs suite à un événement déclencheur.
Lorsque l’animal est incapable de gérer sa relation à l’environnement, son seuil de sensibilité est dépassé et la seule issue qu’il ait est l’agression : C’est le passage à l’acte.
L’agression peut être tournée contre autrui ou contre soi-même (maladie, léchages, alopécie…).
Pourquoi ? Quels sont les facteurs déclenchant les rituels agressifs ?
Si, dans la nature, les agressions sont couramment constatées entre deux individus, il faut en premier lieu noter que ces comportements ne sont, au sein d’un groupe, ni omniprésents ni systématiques. Il existe donc des facteurs qui déclenchent ou promeuvent l’usage de rituels agressifs.
On a vu que l’objectif de ces comportements est de défendre une ressource, et par là même un territoire. Il est pourtant aussi courant de constater que certains animaux vivent sur le même territoire et se nourrissent ensemble sans conflit. Alors, quels sont les facteurs déclencheurs menant à l’agression ?
La ressource / le territoire sont-ils économiquement défendables ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?
En d’autres termes le gain net obtenu par l’usage exclusif de la ressource est-il supérieur à
l’alternative de ne pas le défendre ?
L’agression peut mener à la formation de territoires : Ce sont des zones défendues pour maintenir un usage exclusif des ressources qu’ils contiennent. Il peut s’agir de territoires de reproduction, d’alimentation, de sommeil…
Dans quelles circonstances y a-t-il des combats agressifs entre individus pour ces ressources ? On constate des comportements d’agression dans la majorité des cas, dès lors que l’intrus pénètre sur le territoire défendu. Le facteur à prendre en compte pour savoir s’il y aura, ou non, agression est la délimitation de ce territoire. L’individu ajustant la taille de ce « territoire défendable » au rapport « coûts » (coût du combat ou de l’émission de signaux) / « bénéfices » (valeur de la ressource à protéger) de sa défense. Ce rapport peut varier en fonction de facteurs tels que l’abondance de nourriture, la distribution des ressources dans l’espace ou dans le temps, la prévisibilité…
En dehors de ce territoire délimité par l’individu lui-même, la défense de la ressource par agression n’est qu’exceptionnellement présente. Cela explique notamment qu’un chien peut aller jusqu’à l’agression sur le territoire délimité de sa maison et de son jardin, alors qu’il ne fait preuve d’aucun comportement agressif en dehors de ce périmètre.
Il existe en outre des exceptions même à l’intérieur du territoire défendable : Il s’agit de stratégies alternatives qui contournent l’agression, telles que, la stratégie sournoise (l’individu sournois pénalise peu les ressources, et il y a donc peu de bénéfice à l’évincer) ou la stratégie satellite (l’intrus est accepté à condition qu’il aide l’individu territorial à défendre son territoire).
L’agression est donc une réponse quasi systématique à l’intrusion d’un rival sur son ou ses territoires pour permettre la défense exclusive d’une ressource (nourriture, partenaire sexuel…).
Après le « pourquoi ? », le « Comment ? » : Quelle stratégie mettre en œuvre pour défendre cette ressource, ce territoire ?
Se battre ou se soumettre ? Colombe ou faucon ?
S’il est un système comportemental où la conséquence de l’usage d’un comportement dépend du comportement utilisé par les autres, c’est bien l’agression !
L’escalade en est un violent exemple : On assiste alors à l’augmentation du niveau d’intensité d’un combat qui, généralement avait débuté avec une intensité faible.
Ce « jeu » de comportements agressifs a été mis en avant par la « théorie des jeux » (John Maynard Smith 1920-2004) expliquant l’évolution de combats ritualisés dans un contexte de stratégies agressives lorsque nous sommes en présence d’individus d’une même espèce et de forces égales.
Le jeu « faucon-colombe » : dans ce jeu la stratégie «colombe» ne fait usage que de rituels pour régler ses conflits alors que la stratégie « faucon» engage une escalade immédiate, ne se considérant vaincu que lorsqu’il est blessé durant l’altercation.
L’analyse de la confrontation de ces deux stratégies permet de mettre en évidence une stratégie des gains : La stratégie gagnante étant celle pour laquelle la ressource convoitée a une valeur supérieure au coût d’une blessure subie.
Dans le cas d’individus de force inégale, il existe une autre alternative qui est celle de
« l’évaluateur » : Il est « faucon » s’il s’évalue plus fort et « colombe » dans le cas inverse. Lorsque l’évaluateur est plus fort, il gagne contre le faucon qui sera blessé. S’il est plus faible, il opte pour la stratégie « colombe » et abandonne avant d’être blessé.
Et au sein d’une meute de chiens ?
Une évolution de ces modèles existe dans les groupes dont la composition est stable dans le temps. Les interactions entre les individus étant répétées, elles aboutissent à l’établissement d’une échelle stable dominant-dominé, c’est-à-dire une hiérarchie de dominance. Ces rangs s’établissent par des interactions agressives fréquentes lors de la constitution du groupe. Elles diminuent ensuite lorsque les rangs de dominance et de soumission sont établis. On assiste à ce phénomène dans une meute de chiens. Lorsque la meute est stable, l’échelle dominant-dominé n’a pas à être constamment réévaluée mais elle sera totalement remise en cause dès l’introduction d’un nouvel individu au sein de la meute.
Alors se battre ? Se soumettre ? S’enfuir ? Eh bien, cela dépend !
Ces options sont autant de réponses possibles à l’agression. La réponse adaptée est évaluée en fonction de l’individu, de l’enjeu et du contexte. Elle doit permettre de dégager un rapport « bénéfice/coût » positif pour l’individu agressif.
Pour conclure
L’agressivité se définit comme une tendance sociale naturelle. Elle est donc présente, observable ou sous-jacente, dans tout groupe social.
Indissociable des relations sociales, elle se manifeste par des comportements d’agression qui varient en fonction des individus en présence, de l’environnement, du contexte, des stimuli et des enjeux.
S’agissant d’une interaction entre deux (ou plusieurs) individus, l’influence de ces comportements dans les relations sociales dépend du comportement de l’individu agressif mais également de la réponse apportée à cette agression (réponse agressive, soumission, fuite…).
On parlera alors de stratégie : L’agression est un moyen au service d’une stratégie visant à influencer les relations entre les individus.
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